Le chêne liège, un atout pour la biodiversité
- Par Fabien Langenegger
- Le 04/01/2016
- Dans Les arbres
Le chêne liège (Quercus Suber) est un arbre à feuillage persistant qui aime la douceur. Il occupe le pourtour du bassin méditerranéen. Comme tous les chênes, il ne pousse qu'en pleine lumière (héliophile), il affectionne les températures très élevées (thermophile) et il craint les gelées persistantes. Il apprécie les sols sablonneux et bien drainés (plante xérophile) et il se développe mieux dans un climat avec un air plutôt humide. Des conditions exigeantes qui se rencontrent essentiellement en bordure de mer. Il est planté pour son écorce qui a la particularité de pouvoir se détacher du tronc sans abîmer l'assise cambiale préservant, ainsi, la vie de l'arbre.
Le liège est léger, isolant et il résiste à l'eau. Le liège-mâle est l'écorce présente sur l'arbre avant son exploitation par l'homme. Cette première écorce n'est pas très recherchée, car elle est crevassée et peu régulière. Sa qualité est médiocre et ne permet pas d'y extraire, par exemple, des bouchons.
Le liège mâle peut être utilisé sous une forme recomposée et il est employé dans la fabrication de matériaux de construction et dans de nombreux autres domaines industriels, chimiques ou encore pharmaceutiques. Le premier "déliègeage" ou démasclage débute après une vingtaine d'années d'existence. Cette opération se déroule en été lorsque la sève est présente.
Le chêne a besoin d'une dizaine d'années pour reconstituer une écorce suffisamment épaisse pour redevenir commercialisable. Celle-ci doit atteindre environ trois à cinq centimètres pour être rentable lors de sa transformation.
Les cultivateurs doivent parfois patienter plusieurs années supplémentaires pour bénéficier d'un produit d'une qualité optimale. Mais pas trop longtemps, car l'écorce ne peut ensuite plus être prélevée sans endommager l'arbre. Tout est donc une question d'expérience pour démascler au moment le plus judicieux. Cette nouvelle écorce, appelée le liège femelle, a une forme beaucoup plus régulière et permet de découper facilement des séries de bouchon de vin, l'utilisation la plus lucrative du liège femelle. Ce type de chêne devient facilement bicentenaire si le travail est correctement effectué et une quinzaine de récolte peut être réalisée au minimum.
Le liège se recycle très bien et dans ma famille, nous avons trouvé un moyen de réutiliser les bouchons. Nous créons des plafonds qui nécessitent des dizaines de milliers de bouteilles de vin que de nombreux et fidèles amis nous aident à déboucher... Ainsi, un petit air du Sud envahit notre quotidien.
Le chêne liège résiste au feu et sa plantation est une solution efficace dans les régions sujettes aux incendies fréquents. Les subéraies qui sont exploitées font partie des systèmes sylvo-pastoraux qui permettent de préserver la biodiversité, car l'intensité des travaux d'entretien au sol est faible et basé forcément sur une gestion durable puisque la "récolte" n'a lieu que tous les 10 ou 15 ans. Le nettoyage périodique de ces forêts contribuent à limiter les risques de départ d'un feu.
Les plus grandes subéraies se trouvent au Portugal et notamment dans la région de l'Alentejo, dans le sud du pays. Mais elles sont aussi présentes dans d'autres zones comme la grande plaine proche de Porto-Vecchio en Corse où toutes les photos extérieures de ce billet ont été réalisées.
FIN
dendrochronologie arbre remarquable France
Articles similaires
De la forêt du Tronçais(F, Allier) aux chênaies du pied du Jura neuchâtelois exploitées par les Lacustres
La futaie Colbert dans la forêt du Tronçais (Allier, France) comporte de nombreux chênes très âgés qui sont classés et protégés depuis 1899. L'intérêt écologique rés…
Etude du potentiel de production en bois de haute qualité d’épicéa des forêts de l’arc jurassien
Texte écrit par les membres du comité de pilotage de l'étude. Les hautes forêts de l’arc jurassien renferment depuis des siècles un trésor que de récentes découvertes ont mis à jour…
Minimag : la dendrochronologie consiste à lire dans le bois
Un reportage de la Radio-Télévision-Suisse (RTS) réalisé par J. Chiffelle, L. Bucher et M. Oppliger …
Le bois de résonance
Les parties mises en vibration des instruments de musique sont réalisées grâce à un bois qui résonne particulièrement bien, l'épicéa (Picea abies). Mais pas n'importe quel arbre, car pour …
La portée géographique des référentiels dendrochronologiques
La dendrochronologie, c’est l’étude du temps par les arbres. La datation s'effectue grâce à la mise en place de référentiels. Un référentiel est une courbe qui illustre l’évolutio…
Colloque Dijon 2015. D'un lac à l'autre, formes et rythmes de l'habitat au Bronze final.
Présentation réalisée avec Yves Billaud (DRASSM) Lors des Deuxièmes Rencontres Nord-Sud de Préhistoire Récente à Dijon, avec Yves Billaud, nous avons présenté un aperçu des déc…
Colloque Dijon 2015. D'un lac à l'autre, architecture comparée de deux villages du Néolithique.
Présentation faite avec Michel Mauvilly (SAEF) Les archéologues avaient rendez-vous du 19 au 21 novembre à Dijon pour les Deuxièmes Rencontres Nord-Sud de Préhistoire Récente à Dijon. Le colloque s'es…
L'aménagement fluvial de Lestelle-de-Saint-Martory (Haute-Garonne, France)
Billet écrit avec Anh Linh François. L'étude de cet aménagement fait l'objet d'un Master 2 à l'université de Paris 1 d'Anh Linh François. Cette étudiante a participé &agr…
La longue vie du chêne sessile des "Cadolles-des-Porcs", Neuchâtel.
Le plus vieux chêne sessile de la commune de Neuchâtel situé aux "Cadolles-des-Porcs", a été coupé en automne dernier pour permettre au reste de la chênaie de se développer correctement. …
Le séquoia géant, un référentiel vivant de plusieurs milliers d'années
le séquoia géant, un arbre qui permet en une seule mesure de remonter aux temps préhistoriques
Menu
Dendronews
Album photos
Contact