Colloque Dijon 2015. D'un lac à l'autre, formes et rythmes de l'habitat au Bronze final.
- Par Fabien Langenegger
- Le 27/11/2015
- Dans Palafittes
Présentation réalisée avec Yves Billaud (DRASSM)
Lors des Deuxièmes Rencontres Nord-Sud de Préhistoire Récente à Dijon, avec Yves Billaud, nous avons présenté un aperçu des découvertes effectuées dans notre région et les fruits d'une collaboration scientifique commencée au lac du Bourget dans la baie de Châtillon en 2009.
L'habitat palafittique de la fin de l'âge du Bronze bénéficie d'une importante documentation de référence grâce aux travaux menés depuis plusieurs dizaines d'années sur les bords du lac de Neuchâtel, avec la fouille intégrale de quatre villages et 20000 datations dendrochronologiques. Les dates obtenues indiquent que les hommes profitent d'une période de basses eaux pour s'installer sur les rives du lac dès 1057 av. J.-C. et cette occupation va perdurer de façon continue jusqu'en 850 av. J.-C.
Implantés sur des pieux porteurs profondément enfoncés dans la craie lacustre, les bâtiments comportent un plancher surélevé pour être protégé des fluctuations du niveau du lac. Les maisons sont toujours orientées avec le pignon face au vent dominant. Durant le Bronze final, le lac de Neuchâtel voit l'essor des maisons à quatre rangées de pieux, délimitant trois nefs de largeurs comprises entre 5 et 6 mètres. De forme allongée, ces bâtiments peuvent comporter de cinq à plus d'une dizaine de rangs de pieux pour une longueur totale de 10 à 20 mètres.
L'habitat est groupé avec, pour les villages, des plans denses et ordonnés témoignant d'une structure sociale dépassant le cercle restreint de la maisonnée et du village même. Les recherches récentes sur le village de Bevaix-Sud (Neuchâtel, Suisse) ont démontré que les bâtiments ont été implantés en suivant des lignes directrices matérialisées sur le terrain par des pieux plantés avant le début effectif des travaux. Une opération "d'arpentage" avant la construction des structures a pu être mise en évidence. Des bois ont été enfoncés pour définir des espaces, à partir d'un axe de référence constitué de trois pieux et situés suffisamment loin du centre du village pour ne pas se trouver dans l'espace prévu pour les futures constructions. Cet axe de référence a été employé pendant toute la durée des travaux de construction et d'agrandissement qui ont duré une soixantaine d'années. D'autre part, les connaissances acquises récemment dans la baie de Bevaix ont permis de proposer un mode d'implantation de l'habitat et fournissent un modèle de leur évolution, avec les notions de "villages fondateurs" et "villages satellites".
Plus au sud, sur le lac du Bourget, les récentes opérations subaquatiques apportent de nombreux éléments d'interprétation de l'occupation des rives et des formes de l'habitat. Le nombre de données dendrochronologiques ne sont pas encore suffisantes pour connaître toutes les phases de l'occupation au Bronze final.
Mais celle-ci semble démarrer à partir de 1078 av. J.-C et se poursuivre jusqu'en 805 av. J.-C. au moins, une cinquantaine d'années après l'abandon des villages dans les autres régions de l'arc alpin. Le plan des bâtiments diffère de ceux du lac de Neuchâtel par un plan à trois rangs de pieux au lieu de quatre. Les plans sont moins stéréotypés et varient sensiblement d'une station à l'autre et même au sein d'un même village. L'organisation des villages est également plus variée avec un plan ordonné comme à Neuchâtel, une disposition "en peigne", ou une implantation orthogonale. En revanche, la notion de villages fondateurs et villages satellites est transposable sur le lac du Bourget dans les baies de Grésine et de Conjux.
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